By Djaved Fareed

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arthCheck, Green Globe… Ces labels servent-ils à séduire la clientèle, dont 60% disent privilégier aujourd’hui les hôtels eco-friendly ? Non, ils sont une nécessité absolue pour préserver nos ressources. Les Sustainability Managers y veillent. C’est le cas de Djaved Fareed.

DJaved

Constance Hotels & Resorts est le premier groupe hôtelier de l’océan indien à décrocher le Green Globe Gold Label. Que représente cette certification ?

Elle représente six ans d’amélioration constante en matière de pratiques rigoureuses et respectueuses de l’environnement. C’est notre COO, Andrew Milton, qui a démarré le projet en 2005-2006 à l’hôtel Constance Prince Maurice lorsqu’il était le GM, avant de l’étendre à l’ensemble du groupe. En 2008 déjà, nous avions adopté comme tagline « Committed to environment ». Nous défendions une politique environnementale très forte pour conscientiser nos partenaires, clients et collaborateurs internes, et les inclure dans nos actions. Nous avions mis en place des process, des audits environnementaux, des checklists, etc. Avec Green Globe, nous avons pu mieux formaliser ces pratiques, les « upgrade » pour être encore plus green.

Votre background est “Health and Safety”. Est-ce que cette certification a aussi une dimension sociale et humaine ?

Tout à fait. Cette certification est très vaste. Elle repose sur quatre piliers : le sustainable management, le socio-économique, le culturel et l’environnement. Notre gestion doit être « sustainable » : nous devons prouver que nous respectons les principes de justice et d’équité. Par exemple, que l’hôtel ne fait pas l’objet de favoritisme par rapport à la fourniture de services. Dans le volet socioéconomique sont évalués le bien-être des employés, l’égalité salariale, la santé et la sécurité (du client comme du personnel), la formation, le CSR, etc. Sous le volet culturel, nous démontrons comment nous partageons les richesses locales avec nos clients, la cuisine notamment, comment nous les incitons à visiter l’île, etc. Green Globe demande qu’on favorise l’achat local. Nous avons atteint les 80%, dont 40% au moins des légumes proviennent des plantations de la région, ce qui est le cas de nos hôtels. Et enfin, l’environnement, le plus important critère d’évaluation. Sur ce volet, la checklist est longue : consommation d’énergie, gestion des déchets, du cadre naturel, achats verts, architecture, audits des fournisseurs qui doivent être encouragés à adopter des « green practices »…

Pour être certifié, il faut progresser, dépasser les objectifs atteints l’année précédente. Si nous sommes parvenus à recycler une tonne de plastique une année, nous devons en recycler encore plus l’année suivante. En sus de cela, il faut à chaque fois trouver de nouvelles idées de projets.

D’où viennent ces idées ?

Elles viennent souvent de nos visiteurs, qui sont très impliqués dans la démarche, et de plus en plus du personnel. Chaque hôtel a un comité de volontaires qui coordonne les projets. Ils ont été formés par nos Sustainability Champions. Au début, il a fallu prendre du temps pour expliquer au personnel comment toute la certification reposait sur leurs épaules. Ca a été une révélation pour eux. Ce sont des pratiques qu’ils emmènent dans leur famille et partagent avec leur voisinage.

Quelles innovations cette certification vous a aidés à mettre en place ?

Notre consommation d’énergie au sein des hôtels du groupe est passé de 115 000 KWh par jour en 2011 à 96 000 KWh ces quatre dernières années grâce à un programme comprenant la réduction de carburants fossiles et de gros investissements dans des dispositifs innovants telle que le SCADA (Energy Management System). La préservation de la biodiversité de notre cadre d’opération est également un sujet qui nous touche. Après la publication du Lagoon Directory au Constance Prince Maurice (en partenariat avec la Reef Conservation) en 2018, qui nous sert à expliquer aux clients la richesse du lagon, nous avons entrepris des ateliers de sensibilisation sur les mangliers auprès de nos employés et travaillons sur un vaste programme de conservation. Notre barachois au Constance Prince Maurice, est une grande fierté. Nous collaborons étroitement avec l’Institut océanographique pour le maintien de la qualité de la faune et de la flore. Nous avons aussi fait, en 2019, la première récolte de miel de nos sept ruches. Une dizaine de ruches ont été installées au cours de cette année. Les abeilles sont essentielles pour régénérer l’écosystème.

Quel est votre plus gros challenge ?

Les deux points faibles, qui nous empêchent d’avoir une note de plus de 90%, sont la réduction de l’empreinte carbone et le recyclage des déchets. Même si nous avons pu réduire nos émissions de 16% en 2018 et de 8,6% en 2019, Maurice n’a pas les moyens des pays développés pour contrôler ses émissions de gaz. On a donc une excuse pour le premier, mais pas pour le second, le recyclage.

Chez Constance Hotels & Resorts, nous avons initié une politique de Waste Management depuis 2013. Nous avons progressé sur les 4Rs – Refuse, Reduce, Reuse, Recycle. Nous avons commencé avec le compost qui sert à nourrir nos terrains de golf, suivi du recyclage des bouteilles en plastique qui ont été progressivement remplacées par des bouteilles en verre grâce à nos centres d’embouteillage.  En 2019, nous avons investi plus d’un million de roupies dans 125 poubelles sélectives à Constance Belle-Mare Plage, ce qui nous a permis de passer à 22% en termes de recyclage.

La gestion des déchets reste un de nos grands défis qui demande la collaboration de tous les maillons de notre chaîne d’approvisionnement et services. Nous devrions pouvoir recycler 37% de nos déchets avec des infrastructures appropriées au niveau national. Nos déchets de papier et plastique, nos huiles de cuisine et les batteries sont récupérés et acheminés vers les différents recycleurs. Mais nous devrions pouvoir faire mieux.

 

Djaved Fareed (Corporate Sustainability Manager, Constance Hotels, Resorts & Golf)